La fiction, outil de questionnement et de critique, interroge nos usages, normes, éthiques et valeurs. Elle permet de remettre en question nos pratiques actuelles et de projeter des mondes possibles, en suscitant une controverse dialectique pour bousculer les idées dominantes.
Dans un monde où le quotidien nous ramène soit à l’anxiété (écologique, ou sociale) soit à l’impossibilité d’imaginer d’autres mondes vivables possibles, la fiction propose des imaginaires pour penser d’autres futurs, désirables ou non.
Depuis longtemps, la science-fiction a proposé des points de bifurcation où des réalités alternatives permettant à partir d’un moment clé de choisir un autre chemin à partir d’une même réalité vécue. Le design fiction est un outil qui s’il n’est pas nouveau propose de matérialiser des futurs probables ou non à travers des artefacts et des scénarios. Il ne vise pas à répondre à des problématiques mais à faire un pas de côté et du design un outil de débat.
La fiction comme outil de questionnement et de critique vise à questionner nos usages, nos normes, éthiques et valeurs. Il est un outil pour interroger nos manières de faire actuelles et nous projeter dans des mondes possibles, en suscitant la controverse non comme conflit mais comme dialectique, permettant peut-être de bousculer les idées dominantes. Mais si comme le dit Françoise Vergès, nous n’allons pas décoloniser les musées si nous ne décolonisons pas la société, comment sortir de nos schémas à partir d’un point de départ qui cloisone nos imaginaires ?
Coordination : Abir Belaïd et Brice Giacalone
Programme de la journée :
- 9h : accueil café
- 9h20 : mot de bienvenue des organisateurs
- 9h30 – 10h10 : Désorceler la Finance, « Pour un design spéculactiviste »
- 10h10 10h50 : Côme Guérif, « Real eyes/Realize/Real lies (sélection de projets) »
- 10h50-11h30 : Margaux D’Hont, « De l’espace au vivant : codesigner de nouvelles fictions intersubjectives du secteur spatial pour décoloniser nos avenirs possibles. »
- 11h30 : discussion
- 12h00 -14h00 : Pause déjeuner
- 14h00 – 14h40 : Stéphanie Vera-Baur : « Imaginaires en relation : décolonial, antiraciste, postcapitaliste »
- 14h40 -15h20 : Valentin Graillat « Smart-home, l’imaginaire enjeu »
- 15h20 – 16h20 : table ronde et conclusion
Désorceler la Finance est un laboratoire sauvage composé d’artistes, d’activistes, de chercheuse.eur.s déterminé.e.s à nous désenvoûter de la finance, à nous libérer de la paralysie qui nous saisit lorsqu’il faut penser son rôle dans la société, sur le logement, la santé, la production agricole ou l’écologie. Le laboratoire avance au rythme de créations visuelles et sonores, de workshops, de performances et d’écritures expérimentales. Il a bénéficié du soutien des fondations Un monde par tous, de la Fondation pour le Progrès de l’Homme et de la fondation Mycellium. Ainsi que du soutient de la part de la Fédération Wallonie Bruxelles, du FACR (Fond d’aide à la création radiophonique), d’Un Futur pour la culture et du FRart (Fond de la Recherche en art, FNRS) pour des projets de recherches spécifiques. Les projets du laboratoire ont fait l’objet de relais dans les médias suivants : RTBF, Arte, France Inter, France Culture, Radio Panik, Radio Campus, revue Mouvement, Damn Magazine, Off.radio, POUR, ZinTV, L’avenir, Le Soir, etc. : http:// desorcelerlafinance.org/fr/medias-presse/. Le Laboratoire a publié des textes dans : Azimuts, Papier machine, EntreTemps Revue de la chaire d’histoire du collège de france, Culture et Démocratie, POUR, etc. : http://desorcelerlafinance.org/fr/articles/
Côme Guérif est designer graphique. Il est diplômé des Beaux-Arts de Lyon (FR) et du Werkplaats Typografie (NL). À travers la réalisation de livres, d’identités visuelles ou de productions personnelles auto-initiées, il tend à explorer les enjeux du déplacement (visuel et conceptuel) et les tensions qui en résultent. Il a notamment réalisé l’identité visuelle des prix de Paris et Hélène Linossier (2021) et assisté le graphiste Olivier Lebrun sur la monographie de l’artiste Neïl Beloufa, People Love War Data & Travels (After8 Books, 2022).
Margaux D’Hont, designer et chercheuse d’innovations écologiques, sociales et sociétales, membre du collectif Zoepolis et de l’association AéroDécarbo, s’est spécialisée à travers ces deux masters 2 de design sur le sujet de l’Anthropocène et ses enjeux en cours et à venir. Elle développe un projet de thèse (inscrit au CNU 71 – SIC) au sein du Centre National d’Etudes Spatiales (CNES) sur le sujet des fictions intersubjectives du secteur spatial dans l’Anthropocène.
Stéphanie vera-Baur : Sociologue, Cultural Scientist, spécialisée en anthropologie visuelle et urbaine, Paris/Zurich. Elle est présidente de l’association et du réseau international Civic City – Institut de recherche et sciences critiques en design et dirige avec Ruedi Baur l’atelier de recherche et développement Dix-milliards-humains ainsi que l’axe de design systémique chez Integral Designers Network, Paris. Dans ses recherches, projets de création et interventions activists, elle vise à combiner réflexion, engagement et pratique. Elle est chercheuse associée à l’ETH_Swiss Federal Institute of Technology Zurich à la chaire d’architecture et d’urbanisme Hubert Klumpner et a été engagée comme professeure invitée entre autres à l’Université USEK, Beyrouth, l’Université Sciences Sociales- EHESS et l’Université des Sciences Politiques – SciencesPo Paris ainsi qu’à l’Université de Strasbourg.
Valentin Graillat est doctorant en design à l’ENS Paris-Saclay. Il réalise actuellement une thèse par la pratique encadrée par le designer James Auger et l’historien du design Emanuele Quinz. Sa recherche centrée sur le concept de « smart-home » explore le rôle des rêves technologiques et des imaginaires passés dans l’évolution de l’habitat. Son travail s’inscrit dans le champ des STS (Science, Technologie et Société) et puise dans les approches de design contre-factuel pour élaborer des présents alternatifs et des modèles domestiques plus durables. Plus récemment, il a été membre du comité scientifique de l’exposition française « À la limite, innover à la mesure du monde 2050-2070 », supervisée par l’astrophysicien Rolland Lehoucq. Il enseigne également en formation Dnmade design horloger à Paris.
Pour aller plus loin :
- entretien avec Vincent Gerber sur L’imaginaire au pouvoir : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/questions-du-soir-l-idee/l-imaginaire-au-pouvoir-selon-vincent-gerber-3478460