Bouafles, par Etienne Lemoine

28 mars 2021
Bouafles (Vexin normand) – Eric Tabuchi et Nelly Monnier, L'Atlas des Régions Naturelles.

Tout au long de Chantiers communs, retrouvez chaque jour une image de la région issue de «l’Atlas des régions naturelles» d’Eric Tabuchi et Nelly Monnier, commentée par une personnalité ou un collectif invités.

Dimanche 28 mars, l’architecte vernonnais Etienne Lemoine nous écrit du Vexin normand pour partager sa vision d’une architecture durable.

Une construction, si minimaliste soit elle, requiert bien trop de moyens, d’efforts et mobilise trop de personnes pour qu’elle puisse être considérée comme un simple bien de consommation. Intervenir sur l’existant ou construire à neuf, nous considérons toujours être dans une démarche de constitution d’un patrimoine. Bien sûr, l’édifice répond à un usage, mais si l’on prétend à la pérennité des choses, l’orgueil pour un bâtiment serait d’outrepasser la fonction que lui ont assignée ses concepteurs et de voir défiler en son sein des générations et une variété d’activités. C’est la leçon que nous dicte le patrimoine architectural toujours en service : subtil équilibre entre la singularité que peuvent produire des usages sur des espaces et les qualités spatiales propres des bâtiments.

Il s’agit de construire les moyens d’anticiper et de susciter les évolutions futures de nos manières d’habiter, de se mouvoir et de prendre place dans un contexte bâti. Dépassons les limites normées imposées, parfois contradictoires, par la compréhension des histoires constructives, par notre capacité à édifier simple et durable, et par l’accompagnement des lieux qui prendront corps avec leurs utilisateurs. 

Cette fabrication de bâti se réalise notamment par le recensement des ressources en matériaux les moins transformés possibles, et par la mise en action des compétences sur un secteur rapproché du projet. Moins de matières, plus de savoir-faire, c’est une approche qui permet d’assurer un contrôle sur la qualité des éléments et valorise l’exigence des mises en oeuvre des compagnons. Si l’on n’y prend pas garde, le bâtiment est bien souvent inondé de produits de construction. Il y a urgence à faire le tri entre ce que l’usage commande et les résidus étouffants de la banalité. Retrouver le simple assemblage des matériaux, repenser les moyens de production et les conditions du travail, reformuler des architectures transformables, adaptables et réversibles.

— Etienne Lemoine

Demain, lundi 29 mars : une carte postale de Marmouillé (Campagne d’Argentan) signée des étudiant.e.s du BTS Gestion et protection de la nature du Lycée agricole public de l’Orne (Sées).

Pour aller plus loin :