L’Aigle, par l’Établi

17 mars 2021
L'Aigle (Pays d'Ouche) – Eric Tabuchi et Nelly Monnier, L'Atlas des régions naturelles.

Tout au long de Chantiers communs, retrouvez chaque jour une image de la région issue de «l’Atlas des régions naturelles» d’Eric Tabuchi et Nelly Monnier, commentée par une personnalité ou un collectif invités.

Mercredi 17 mars, la carte postale du jour nous arrive de L’Aigle (Pays d’Ouche). Elle est signée de l’Établi, un collectif d’architectes installés principalement en milieu rural, fondé pour partager des réflexions et une lecture sensible des mutations de nos cadres de vie.

Les villes et villages ont toujours accueilli les artistes de rue et autres saltimbanques, voyageant de province en province, pour y diffuser une culture populaire qui constituait le liant de notre histoire commune.

Puis, quand les Frères Lumière ont inventé le cinéma, c’est un nouveau lieu qui allait investir le cœur de nos communes, en complément des salles paroissiales qui rassemblaient déjà, jusqu’alors, les populations toutes entières, sans limite d’âge et de classe sociale.

Depuis, les cinémas sont devenus un emblème de notre bien commun.
Disséminés sur tous les territoires, ils battent encore, souvent faiblement. Cependant, malgré la toute-puissance du numérique qui invite tout un chacun à s’émerveiller depuis chez lui, ils restent des lieux emblématiques et sacrés, et continuent à donner foi en ceux qui veulent poursuivre leur destin de raconteurs d’histoires.

Derrière l’image de ce cinéma résistant, et de cet Aiglon fatigué, nous posons la question de l’accès et de la diffusion de la culture sur tous les territoires, qu’ils soient métropolitains et ruraux. La culture est d’intérêt général. Elle aiguise nos critiques, elle affirme nos postures, elle construit notre conscience, elle nous rend insoumis(e), elle nous protège de l’obscurantisme, …

La représentation que porte cette photographie interpelle sur l’importance fondamentale de la politique de décentralisation de la culture et des moyens qu’on lui offre pour qu’elle produise ses effets au service de tous. En ces périodes de crises successives, il est essentiel de défendre et de valoriser ces lieux à forte valeur sociale, car ils sont des communs qui maintiennent en vie les territoires éloignés des lumières métropolitaines.

— L’Établi

Demain, jeudi 18 mars : Erwan Patte nous écrit de Saint-Patrice-de-Claids (Cotentin)

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