Sotteville-lès-Rouen, par Camille Bidaud et Patrice Gourbin

10 mars 2021
Sotteville-lès-Rouen (Entre-Caux-et-Vexin) – Eric Tabuchi et Nelly Monnier, L'Atlas des régions naturelles.

Tout au long de Chantiers communs, retrouvez chaque jour une image de la région issue de «l’Atlas des régions naturelles» d’Eric Tabuchi et Nelly Monnier, commentée par une personnalité ou un collectif invités.

Mercredi 10 mars, Camille Bidaud et Patrice Gourbin, membres du groupe de recherche « Ressource culturelle et projet urbain » (laboratoire de recherche Architecture Territoire Environnement) à École nationale supérieure d’architecture de Normandie, nous écrivent depuis Sotteville-les-Rouen.

Notre chantier commun, c’est l’avenir des villes reconstruites de Normandie : à partir de ce patrimoine architectural et urbain dont la valeur est encore mal définie, imaginer une ville durable et désirable. La recherche porte à la fois sur les aspects matériels, sur l’identité, la participation des habitants et des usagers, sur les outils réglementaires et les acteurs institutionnels, et sur la manière d’enseigner la création architecturale en lien avec l’existant. Nous considérons la ville des années 1950 comme une ressource en vue de la transformation urbaine et de l’adaptation du bâti et des espaces aux attentes du présent, mais cette ressource est limitée, non renouvelable. Une approche économe et bienveillante est donc indispensable, dans le domaine matériel comme dans celui de la connaissance, de la valorisation et de l’appropriation collective.

Transformer à partir d’un diagnostic de terrain et non de grandes orientations nationales interchangeables. Par exemple le principal dysfonctionnement de l’architecture de la Reconstruction est son absence d’isolation phonique, alors qu’aucune expérimentation n’est menée sur ce terrain.

Préserver les espaces. La ville de la Reconstruction met le sol à la disposition de tous : le foncier est ouvert et collectif, la ville est traversante dans le cœur des îlots. Plus que les formes architecturales du bâti, c’est cette perméabilité urbaine qui est caractéristique de la ville reconstruite, et qui pourrait devenir patrimoine.

Améliorer les outils réglementaires et les acteurs. En Normandie, les élus et les acteurs de l’urbain se sont appropriés le discours patrimonial à propos de la Reconstruction. Une mise en réseau est à imaginer avec d’autres expertises, historiques, habitantes, artistiques

Expérimenter la participation des habitants et des usagers : un réseau de médiateurs, une boîte à outil pour diffuser les connaissances et favoriser l’attention.

Inventer avec les architectes de demain, dans le cadre pédagogique de l’école d’architecture de Normandie, des méthodes d’intervention adaptées à ce « patrimoine de faible intensité », pour un cadre de vie harmonieux, vivant et attractif.

— Camille Bidaud et Patrice Gourbin

Demain, jeudi 11 mars : on quitte la Normandie le temps d’une journée, pour recevoir une carte de Mathias Rollot, depuis Saint-Dizier (Perthois).

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