L’ouvrage de Philippe Artières, La prison en héritage ? Pour une patrimonialisation critique du pénitentiaire, ouvre une réflexion sur la destination du patrimoine des lieux de détention, dont l’ancienne maison d’arrêt de Caen. En compagnie de Dominique Simonnot et Philippe Artières, nous partagerons un état des lieux de cet héritage, en nous appuyant sur quelques exemples – le Petite Roquette, Clairvaux – pour ouvrir la discussion sur le devenir de la maison d’arrêt de Caen.
Démosthène et le collectif les Coutures, Vent d’Ouest et Cie ont invité Philippe Artières, historien, directeur de recherche CNRS à l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS). Ce dernier vient de publier un ouvrage nourrissant les réflexions sur le devenir du patrimoine carcéral : La prison en héritage ? Pour une patrimonialisation critique du pénitentiaire ».
En effet, tandis que, en périphérie des villes, on ouvre de vastes établissements carcéraux pour répondre au tout-répressif, dans les centres urbains on désaffecte des prisons. Ce patrimoine, dépourvu de l’or des châteaux ou de la mémoire sociale attachée aux usines ou aux mines, est directement menacé.
Philippe Artières dresse des pistes en réponse à la question : « Qu’en faire alors ? ». Pour lui, la réponse est claire : le conserver bien sûr. La prison fait partie de notre histoire, elle est fille de la Révolution. Pourtant, combien de ces établissements sont aujourd’hui à vendre, telle bientôt l’ancienne maison d’arrêt de Caen, comme si les détenus de droit commun avaient eux aussi été condamnés à l’oubli ?
En compagnie de Dominique Simonnot et Philippe Artières, nous partagerons un état des lieux de cet héritage, en nous appuyant sur quelques exemples – le Petite Roquette, Clairvaux – pour ouvrir la discussion sur le devenir de la maison d’arrêt de Caen.
avec Dominique Simonnot, contrôleure des lieux de privation des libertés, journaliste française spécialiste des affaires judiciaires, Philippe Artières, historien, directeur de recherche CNRS à l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS), les représentant·es du collectif des Coutures, de Vent d’Ouest et de Démosthène – Modération : Jean-Manuel Larralde
Dominique Simonnot a travaillé pendant 12 ans en tant que conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation dans les Hauts-de-Seine à la suite de ses études de droit. Elle intègre en 1991 le service Informations Générales du quotidien Libération puis la rédaction du Canard Enchaîné à partir de 2006. Ses papiers couvrent les questions judiciaires (politique pénale, affaires judiciaires, condition carcérale, etc.) et alimentent de nombreuses publications (Coup de Barre. Justice et injustices en France, Seuil, 2019). Elle est nommée en 2020 Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, en charge du respect des droits fondamentaux des personnes privées de liberté.
Philippe Artières est directeur de recherches au CNRS à l’EHESS, au sein de l’IRIS (Institut de Recherche Interdisciplinaire sur les enjeux sociaux). Dans la continuité de sa thèse soutenue en 1996 sous la direction de Michelle Perrot, ses travaux portent sur l’écriture et l’image en Occident de la fin du XIXe à la fin du XXe siècle.
Ses recherches s’appuient notamment sur les pratiques ordinaires d’archivage (récits autobiographiques, rapports médicaux, presse, graffiti, etc.), dont il tire de nombreux ouvrages. A travers une œuvre foisonnante, Philippe Artières questionne les formes d’écriture de l’histoire et ses rapports avec la littérature.