Dès les années 1960, en collaboration avec son épouse Simone, l’architecte belge Lucien Kroll s’est opposé à l’urbanisation massive et à l’industrialisation du logement pour dessiner une autre modernité architecturale : un habitat hospitalier qui s’inscrit dans une histoire et s’appuie sur l’écologie comme sur la participation des habitants.
Dès les années 1960, l’architecte belge Lucien Kroll et son épouse Simone, potière et jardinière, dessinent les contours d’une autre architecture donnant aux habitants le pouvoir d’imaginer, de décider et de construire collectivement.
Un adversaire résolu de la ville fonctionnaliste
Lucien Kroll se bat toujours sur les deux fronts : des idées et des faits, de la théorie et de la pratique, du fond et de la forme. Il oppose la retenue au gaspillage, l’humanité à l’égocentrisme. Chaque texte de Lucien Kroll met à nu les mécanismes économiques et industriels qui s’emploient à détruire ce qu’il appelle “vicinitude”, cette proximité douce entre les maisons, les quartiers, qui suscite les solidarités et rend les rapports humains plus bienveillants. Il explore et explique des démarches alternatives, positives et inclusives, qui s’appuient sur l’écologie, la complexité, la participation et l’incrémentalisme, méthode savante que lui définit simplement : « science de la débrouillardise : on apprend à marcher en marchant ». Chaque projet révèle son engagement. Loin d’être un utopiste, Lucien Kroll s’y affronte au réel. Son propos est le tissu des villes, lieux et trames où les hommes vivent, se côtoient, se parlent, pleurent, rient, s’entraident, s’aiment. Il refaçonne cette matière, appelé souvent sur le lieu des pires dérives de la modernité, comme ces grands ensembles ruines qu’il refuse de démolir et préfère réparer, inversant le système pour écouter leurs habitants plutôt que la technocratie qui les a conçus et n’a pas su les rendre vivables. Lucien Kroll n’en fait pas un patrimoine moderne mais les traite – enfin comme un véritable habitat populaire que l’on peut élargir ou rehausser, creuser d’une terrasse ou recouvrir d’un toit. Barres, tours et quartiers redeviennent maniables et hospitaliers.
Un maitre du plan
Et c’est là précisément que se révèlent son savoir-faire, son imagination et sa liberté. Ses croquis, vues générales ou détails constructifs, sont d’une précision, d’une justesse, d’une exactitude confondante. Ils sont simples, clairs, modestes, efficaces et toujours très beaux. Les plans révèlent la délicatesse et la minutie dans l’organisation des masses, la subtilité des espaces, la liaison délicate des matériaux. Il faut regarder ces plans, ces vues cavalières où figurent déjà des êtres humains en train d’habiter, il faut regarder comment le chantier transforme ces dessins en architecture pour juger sur le fond l’intelligence et la subtilité de l’architecture de Lucien Kroll.
Vernissage le vendredi 6 mars à 20h
Rencontre autour de l’oeuvre des Kroll vendredi 13 mars à 18h30
Visite commentée de l’exposition dimanche 15 mars à 15h
Une exposition de la Cité de l’architecture et du patrimoine
Pour aller plus loin
- lepavillon-caen.com – l’exposition sur le site du Pavillon